Les métadonnées musicales : le produit d’avenir

publié 11/14/2013

Par Jean-Robert Bisaillon

En mai 2013, se tenait à Los Angeles, le premier « Music Industry Metadata Summit ». Une quarantaine de participants y ont discuté de l’avenir de la musique dans les réseaux numériques, sous l’angle des métadonnées. Kirit Joshi, du consortium international DDEX, y a déclaré que si désormais la musique demeure ce que nos sens apprécient, les métadonnées sont devenues quant à elles, le véritable produit. Que voulait-il dire au juste et que sont les métadonnées musicales?

Les métadonnées musicales sont les informations descriptives qui accompagnent un fichier sonore, au même titre que l’étaient jusqu’à tout récemment les textes de la jaquette d’un disque vinyle, ou le boîtier et le livret d’un CD. Si on prive le «son» des informations qui le décrivent, il devient impossible de savoir à quelle œuvre ou enregistrement on a affaire. En fait, les nouveaux services de musique en-ligne d’écoute en flux continu, de téléchargement, ou encore de reconnaissance comme Shazam et de recommandation comme Apple Genius, reposent tous sur les métadonnées pour fonctionner. Par conséquent, si vos métadonnées musicales sont mal indexées par ces services, votre album sera très difficile à repérer et à découvrir pour les amateurs de musique.

Une fois ce constat effectué, le problème demeure entier. Comment faire pour indexer sa musique et s’assurer du référencement des oeuvres dans l’offre globalisée des réseaux? Les gens de DDEX émettent un autre constat fort intéressant à l’effet que l’état de fouillis actuel des bases de métadonnées musicales est impossible à nettoyer sans la collaboration des multiples acteurs de l’industrie, de l’ensemble de la chaîne économique de notre secteur. Vous n’êtes pas sans savoir à quel point le droit d’auteur est un monde complexe. Que se passe-t-il lorsque nous y ajoutons les intérêts des firmes d’équipement de lecture ou ceux des acteurs des télécommunications et du Web? Nous avons actuellement à faire face à un chantier sans commune mesure pour parvenir à promouvoir la diversité musicale, l’équité dans l’offre en-ligne, le respect des paiements et des droits. L’état des métadonnées, la qualité de celles-ci, pourrait bien constituer la clé de l’avenir pour les musiciens et tous les créateurs de contenus artistiques.

Depuis 2009, j’effectue des recherches sur ces enjeux et vous pouvez en lire davantage en téléchargeant le livre blanc TGiT qui fait état de mes conclusions (http://tagtamusique.com). En gros, j’y affirme que si les créateurs veulent contrôler leur futur, ils devront se charger, ou du moins s’assurer, que soient indexés proprement leurs œuvres et enregistrements sonores. Je travaille actuellement à la création d’un outil qui permettra une prise en charge agréable de ces tâches par les premiers ayants droit : c’est à dire vous! À terme, les métadonnées indexées par ceux là-même qui ont créé les œuvres, ne nous réserveront pas trop de mauvaises surprises comme c’est le cas avec un tag de genre musical complètement absurde ou des fautes d’orthographe dans votre nom. Ne l’oublions pas, pour un robot en-ligne, la moindre petite virgule mal placée est parfois suffisante pour faire dérailler le train.

À suivre…

Au sujet de Jean-Robert Bisaillon

Jean-Robert Bisaillon milite pour l’amélioration des conditions de pratique des créateurs des musiques populaires et de l’autoproduction. C’est un conférencier et un formateur en demande sur les thèmes de la gestion de carrière artistique, l’exportation et les enjeux de la musique numérique. Il a coordonné le «Forum des musiques amplifiées» et fondé la SOPREF en 1997-98. Il était musicien avec French B dans les années 1990 et fut l'un des premiers à utiliser le "sampling" au Québec. Plus récemment, il a fondé iconoclaste-TGiT, entreprise de recherche et de formation sur les enjeux de la culture numérique. Il siège ou a siégé sur de nombreux conseils et tables sectorielles : SOCAN, Musicaction, Songwriters Association of Canada, Comité directeur d’Option culture / Virage numérique (SODEC/MCCCF), Francouvertes, MUTEK, Groupe de travail sur la chanson québécoise, CIBL, CDEC Centre-Sud-Plateau-Mont-Royal.  Il est éditeur et co-auteur du premier Guide d’autoproduction de l’enregistrement sonore (2002), co-auteur du Guide pratique France-Québec du disque et du spectacle (2006, Paris, IRMA éditions) et auteur du «Petit guide Internet des auteurs et compositeurs» pour la SPACQ (2008). Il a complété un grade de maîtrise en mobilisation des connaissances à l’INRS–UCS (2013), sur les métadonnées musicales.

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