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La musique à une grande valeur

publié 06/9/2015

Par Jennie Flannery

Avant d’enregistrer moi-même un album, je ne m’étais jamais arrêtée à tout ce que ce processus implique. J’étais une grande fan de LimeWire et je pensais vraiment « pourquoi payer quand je peux télécharger gratuitement ou emprunter l’exemplaire d’un ami et m’en graver une copie? »

Eh! bien, j’ai fait un virage à 180 degrés sur cette question, et je vais vous expliquer pourquoi.

Écrire des chansons et être suffisamment doué avec un instrument pour pouvoir attirer un auditoire prend des années de dur labeur et de dévouement. Et je ne parle même pas des innombrables heures d’écoute des divers artistes dans votre style musical de prédilection afin de vous imbiber de vos influences… Puis il vous faudra développer votre créativité et devenir un musicien avec un style et une perspective uniques.

Créer des chansons originales demande du temps et du cœur afin de véritablement exprimer qui vous êtes et votre individualité en tant que musicien. Vous cherchez et avez besoin d’être unique en tant qu’auteur-compositeur afin de vous distinguer de tous les autres.

Vous devrez ensuite dépenser temps et argent afin de donner des prestations afin de découvrir si oui ou non le public aime ce que vous faites. Vous devrez apprendre à vous sentir en contrôle sur scène, peu importe ce qui s’y produit, qu’il y ait ou non des distractions, tout comme vous devrez apprendre à plaire à tous les publics.

Lorsque viendra le temps d’enregistrer, vous devrez faire des recherches pour trouver le bon réalisateur et quelles chansons vous enregistrerez.

Si vous êtes un artiste solo, il vous faudra également trouver des musiciens pour vous accompagner. Encore une activité qui demande temps et effort, discuter avec de nombreux musiciens pour décider qui sera le meilleur pour vos chansons et votre propre style de jeu. Vous devez planifier du temps de répétition et travailler les arrangements de votre musique. De plus, pour ne pas perdre de précieux temps en studio, vous devez répéter inlassablement vos chansons jusqu’à ce qu’elles soient quasi parfaites. Cela nécessitera quelques jours en plus de ce que vos musiciens vous demandent comme cachet.

Puis vous devrez choisir un studio d’enregistrement dans votre région, ce qui, encore une fois, requiert temps, effort et recherche. Puis, vous devrez engager des dépenses accessoires, comme, disons, un accordeur de piano – 100 $ –, et le micro parfait pour votre son – encore 150 $…

Puis vous pourrez commencer à enregistrer. Même dans un petit studio indépendant dont le propriétaire-réalisateur est super sympa, on parle d’un minimum de 50 $ l’heure, avec des journées de 8 heures, soit 400 $ par jour. N’oubliez pas, vous devez également payer vos musiciens, ce qui coûte généralement au moins 50 $ l’heure – chacun.

Mais en plus du temps d’enregistrement – à moins que ce que vous recherchiez soit un son « live » – vous devrez passer de longues heures en postproduction, mixant l’intro de la prise deux dans le premier couplet de la prise quatre et le refrain de la prise sept. Ou afin de vous assurer que le volume du solo de guitare est juste à point. Parfois, ce processus est suffisamment complexe pour nécessiter l’embauche d’un ingénieur de mixage professionnel, qui exige un cachet aussi élevé que celui du réalisateur.

Si l’objectif de votre séance d’enregistrement est la production d’un album, vous devrez également dépenser temps et efforts à écouter et réécouter chacune des pièces pour déterminer l’ordre de celles-ci, le « pacing ». Vous pourriez simplement mettre les meilleures pièces d’entrée de jeu afin d’attirer l’attention des radios et des autres médias qui, souvent, n’écoutent que les premières pièces d’un album. Mais le résultat est que l’album paraît ainsi déséquilibré. Alors vous écoutez encore et encore votre album, changeant l’ordre des pièces en portant attention à la fin et au début de chacune d’elles et comment ces sections s’enchaînent. Est-ce que les clés harmoniques s’accordent? Est-ce qu’une pièce au tempo rapide est mieux servie par une pièce lente qui lui succède?

Puis vient enfin l’étape du matriçage, qui coûte généralement 1000 $ au bas mot. Les pièces sont envoyées au meilleur ingénieur de matriçage que vous pouvez vous payer afin qu’il donne une cohésion au son de votre album. Puis vous devez réécouter l’album une fois de plus afin de découvrir ce que cette personne a accompli. Évidemment, tout n’est pas parfait du premier coup, ce qui entraîne de nouveaux coûts.

Lorsqu’il est question d’un album, à un moment ou un autre vient le temps de penser à la pochette et au look graphique de la pochette et du livret. Il faut alors engager un photographe pour une séance photo et un graphiste pour la création de la facture visuelle. Vous devez également écrire toute l’information que vous désirez y inclure. Vous devez donc approuver la mise en page, les couleurs, le choix des polices de caractères, et tutti quanti. Encore des dépenses de temps et d’argent.

Si vous avez choisi de réinterpréter des chansons d’autres artistes, vous devez effectuer les recherches au sujet de ses auteurs, remplir les bons formulaires et payer les droits de reproduction mécanique à la CMRRA afin de pouvoir procéder à la fabrication des disques comme telle, en plus de déterminer s’il y a d’autres licences ou autorisations à obtenir. ENCORE des dépenses de temps et d’argent.

Si vous espérer que votre album attire l’attention des médias, vous n’aurez sans doute pas le choix d’engager une agence de relations média qui s’occupera de vous écrire une bio, un communiqué de presse, acheminera votre album et tout le matériel afférent aux médias et s’assurera qu’on parle de vous dans les journaux, à la radio, à la télé, sur les blogues et les réseaux sociaux. On parle d’au moins 500 $, ici.

Si vous planifiez la sortie d’un CD ou d’un album vinyle, vous pouvez choisir un tirage d’aussi peu que 500 exemplaires, mais il vous en coûtera au moins 2000 $ malgré tout. N’oubliez pas toutefois qu’au moins 300 de ces exemplaires serviront à des fins promotionnelles, vous ne ferez donc pas un sou sur ces exemplaires.

Comme vous pouvez le constater, on parle d’une petite fortune, ici – environ 10 000 $ au bas mot – pour l’enregistrement et le lancement d’un album. Même en supposant que vous utilisez une campagne de sociofinancement pour trouver des fonds pour votre projet, il y a fort à parier que vous aurez tout de même à débourser au moins 5000 $ de votre poche.

Alors la prochaine fois que vous entendez de la musique que vous aimez, je vous en implore, donnez aux créateurs de cette musique le mérite et le respect qui leur revient pour tout ce qu’ils ont investi pour devenir les musiciens qu’ils sont et l’enregistrement qu’ils ont réalisé. Acheter leur musique leur permet de ne pas s’endetter et, on peut l’espérer, les aider à poursuivre leur carrière, ce qui est d’autant plus vrai pour les plus petits artistes indépendants.

Dans les faits, télécharger gratuitement de la musique n’est ni plus ni moins que du vol. Copier un CD est illégal et constitue un manque total de respect pour le dur labeur des créateurs musicaux. Il n’y a pas un artiste qui pourrait continuer à créer de la musique pour vous, cher public, s’il n’était pas payé pour son travail. Est-ce que vous accepteriez de donner gratuitement le fruit de votre travail? Non, et il n’y a aucune raison pour laquelle il devrait en être ainsi pour les créateurs de musique.